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Le blog de neurologie.over-blog.fr

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pour amateur de cerveau et de nerfs sans se creuser les méninges. Les maladies neurologiques, SEP, sclérose en plaques, AVC; epilepsie, malaise, tremblements, etudes de medecine, Hippocrate, chirurgie, migraine, Parkinson, Alzheimer, mémoire, dyslexie, syncope, canal carpien, nerfs


Intelligence, émotions, action

Publié par neurope sur 4 Juillet 2018, 21:59pm

Catégories : #news

2 livres pour aider
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Le neurologue est un mécanicien cartographe. D’un côté, un mécano qui explique comment ça fonctionne dans le crâne. Et comme il décrit les zones du cortex qui gèrent des fonctions, le langage, les émotions, c’est aussi un cartographe. Comme Michelin qui fait des pneus et édite des cartes comportant un guide touristique.

Quelques exemples ? Sans aucune allusion politique, à gauche vous avez la zone pour le blabla, le langage, derrière le front votre lobe réprime vos pulsions le sexe, la bouffe, les jeux de mots douteux. A droite, savoir qu’on a un corps et des émotions. Mais aucune zone pour les souvenirs, aucune pour la nervosité. Il n’y a pas non plus de zone pour la bêtise et c’est dommage.

Hélas, on ne connait aucune zone précise pour l’intelligence. En fait, on ne sait même pas définir l’intelligence… donc on sait très bien la mesurer. On a fait plein de tests savants.

Les émotions on les connait mais c’est dispersé dans le cerveau. La partie la plus en avant du lobe frontal est impliquée dans l’humour, mais la zone du rire est dans le lobe temporal. Pour les émotions en général c’est aussi le lobe frontal. Plus précisément sa partie cachée entre les lobes droit et gauche si l’émotion vous concerne. La partie externe du lobe frontal s’allume si l’émotion concerne quelqu’un d’autre… c’est dire si on est précis !

Intelligence et émotions puisent dans la bibliothèque des souvenirs les références qui leur permettent de comprendre le présent! Puis elles explosent la réalité en mille morceaux pour le reconstituer dans une « version » et la faire entrer à son tour sur les étagères de la mémoire. Si je vous ai amusé, si je vous ai donné une émotion, vous aurez compris et mémorisé ce que je vous explique, et vous serez capable de le répéter à vos amis absents. Ceux qui ont toujours tort. Donc, l’étonnement qui est le fondement de l’émotion provoque un éveil de la réflexion qui fonde l’intelligence. Sauf si rien ne se passe, si l’éveil n’est qu’un feu de paille.

Donc, il est temps de nous poser deux questions bêtes sur l’intelligence! C’est quoi l’intelligence ? Et enchainons sur la seconde existe-t-il une intelligence sans émotion ? Pour ce qui des émotions sans intelligence répondons tout de suite : oui, on a des émotions bêtes sinon on ne tomberait pas, idée de chute, bêtement amoureux ou on ne se laisserait pas aller, idée de dérive, à la colère.

Donc, l’intelligence c’est quoi ?

L’intelligence n’est pas unique. Votre intelligence abstraite est ce qu’on entend en général par intelligence. L’intelligence pratique est toute autre, elle permet, par exemple, à un bricoleur sans instruction de trouver des solutions inédites à un problème de mécanique.

Quand on a les 2 intelligences, abstraite et pratique, on s’appelle Mc Giver.

L’intelligence ? Comme on ne sait pas la définir on a donc fabriqué des outils pour la mesurer. Le plus célèbre est le fameux QI. Inventé par Binet, un avocat niçois qui commençât médecine sans jamais finir ses études, il était pourtant un élève du créateur de la neurologie, Charcot. C’est pourtant lui qui créât le QI. Il était pas benêt ce Binet.

Au 19ème siècle il faut faire science, paraitre objectif donc l’intelligence explorée dans les tests est centrée sur les déductions, elle doit être détachée des émotions. Les tests cherchent deux choses. Une aptitude à apprendre beaucoup, donc à être Bob l’éponge, et à recracher ce qu’on a appris donc être un bon perroquet. Une capacité à être une machine à résoudre les problèmes, un automate efficace et rapide. Donc si vous êtes Bob l’éponge, un bon perroquet et un bon automate, vous serez bien noté dans les tests d’intelligence.

Pourtant, les plus grands génies peuvent n’a n’avoir aucun bon sens dans la vie quotidienne. De plus, la capacité d’adaptation, de se détacher des acquis pour imaginer des hypothèses inédites, la capacité à transgresser les règles pour créer de nouvelles idées… tout cela est très mal exploré aux tests.

Les tests sont calibrés pour mettre chaque individu dans une case. Ils ne sont pas pertinents pour les déviants et les incultes. Or inventer ou créer, en science et en art, c’est être déviant. Et un berger de l’Atlas sans instruction considéré comme bête alors qu’il gère son troupeau dans un environnement compliqué. Un prof de fac serait-il aussi malin si on le testait avec des outils de menuisier ? L’intelligence n’est pas séparable de la situation de vie.

L’intelligence créative est une capacité de réceptivité et d’assemblages d’éléments éparpillés. Elle est totalement dépendante du système des émotions. Avoir une sensibilité exacerbée ne suffit pas, être créatif c’est savoir la dompter dans un but : réorganiser le réel dans une nouvelle représentation. L’artiste a ce don mais aussi les inventeurs, les rares chercheurs qui sont des trouveurs.

Etre réceptif c’est être empathique et ouvert. Ouvert, c’est être curieux, attentif à des détails qui nous entourent et qui portent du sens. L’empathie c’est ouvert pour les gens. Quand elle est philosophique elle renvoie à la morale. L’empathie des neurologues est autre chose. Elle a un support cérébral: les neurones miroirs. Ce n’est pas une zone du cerveau mais un circuit de neurones spéciaux cachés au milieu de neurones banaux. Vos NM captent en une milliseconde les émotions et les intentions d’un autre humain. Ils se relaient l’information pour la fabriquer dans la même zone des gestes que celui que vous observez et qui fait des gestes, comme si votre cerveau était le miroir exact de ce que vous observez. Le grand psychologue américain Mehrabian l’écrivait « Pour la compréhension de l’affectivité: 7 % est le sens des mots, 38 % est le timbre de la voix et 55% est le langage du corps.». Et vos gestes peuvent souligner le sens des mots prononcés, le moduler, voire l’inverser. Dire « je vous déteste » peut signifier le contraire. L’intelligence du cœur, passe par l’empathie, cette capacité à comprendre l’autre.

Pour comprendre ce que vous percevez votre intelligence utilise de deux méthodes. Le raisonnement logique, comme le fait Sherlock Holmes. Et l’inspiration, dont Descartes disait qu’elle parcourt en un éclair tous les maillons de la démonstration sans en détailler aucun. L’émotion peut aller jusqu’au contraire du raisonnement : une transe. Mais transe et raison sont-ils aussi antinomiques ? C’est ainsi que Champollion découvre en un instant le sens des hiéroglyphes, ce que son intelligence a mis une vie à chercher, comme si ayant réuni toutes les pièces du puzzle elles prenaient vie malgré lui pour s’agencer dans un tourbillon. Dont il sort après 2 jours d’un coma d’épuisement.

Donc, faut-il nécessairement de l’émotion pour faire de l’intelligence ?

Pas forcément. On traite froidement des problèmes complexes. Pas d’émotions pour résoudre un problème de maths ou rédiger des textes administratifs embrouillés, organiser un planning, gérer ses comptes, diagnostiquer une maladie. Mais il faut de l’empathie pour ensuite comprendre le malade.

Dans d’autres activités, quand les émotions sont centrées sur un but, elles augmentent votre attention et stimulent votre pensée. Au contraire, quand il s’agit d’émotions parasites, elles bloquent votre raisonnement.

Donc émotion et intelligence ont une relation ambivalente.

Et quand on vieillit ? On réduit sa vie sociale, on aime rester chez soi et cultiver son jardin, chaque neurone établit 100 connections avec ses voisins. Mais vous, vous avez une vie sociale intense, vous êtes curieux, vous discutez avec passion, vous venez aux conférences de l’académie Clémentine, vous établissez 10.000 connexions ! 100 fois plus. La connexion avec les gens c’est la connexion des neurones. Se passionner c’est raisonner.

Au fond, avons-nous parlé de l’intelligence et des émotions ? Peut-être. Ou pas.

Donc, si on se résume, pour croire qu’on est intelligent, il nous faut faire cohabiter un monstre froid qui bâti de la logique avec des savoirs gobés comme un perroquet, et des émotions pour rester réveillé allant parfois jusqu’à la transe.

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